• L'exigence du réel

Actualités | 23 Avril 2024

L'exigence du réel

Les résultats inédits de la Banque de France en 2023 marquent le retour à l’exigence de rentabilité notamment pour les institutions financières.

L'exigence du réel

La Banque de France vient de publier ses résultats 2023 : plus de 12,4 Mds€ de pertes d’exploitation, compensées par une reprise équivalente de provisions pour atterrir à un résultat net à zéro. Du jamais vu qui illustre et matérialise la transition vers le retour rapide à l’économie réelle.

Ses résultats reflètent l’effort consenti pour amortir le choc de la rapide remontée des taux d’intérêt sur le coût de la ressource et la bosse de l’inflation.  Sous l’impulsion de la BCE, les taux courts €STER étaient négatifs jusqu’en septembre 2022, les voici remontés à 3,9% depuis septembre 2023. Idem pour le taux de refinancement BCE fixé à zéro depuis 2016 puis remontant depuis juillet 2022 pour atteindre 4,5% en septembre 2023.

La Banque de France n’a pas répercuté dans son financement des banques commerciales l’intégralité du surcoût de ses Ressources. Conséquence : l’effet de ciseau massif entre les produits et les charges d'intérêt génère cette perte d'exploitation historique en 2023. La Banque de France vient ainsi d’amortir le choc de taux sur l’économie réelle, au bénéfice des banques commerciales.

Cette situation n’est pas tenable et pose donc quelques questions pour le futur.

En effet, le retour à des taux « risk free » d’environ 3 à 4% signifie un taux de refinancement réel incluant un risque compris entre 5 et 6%. Ceci revient à dire qu’il convient de générer une croissance d’activité pérenne annuelle du même ordre pour asseoir aussi une rentabilité similaire.

Cette exigence de ROE normatif minimum pour créer de la valeur soulève quelques questions pour nos banquiers et assureurs :

  • Comment réaliser une croissance organique de 6 % par an dans une zone euro où l'augmentation annuelle du PIB réel demeure en deçà de 2 % ?
  • Comment assurer une rentabilité du même ordre tout en respectant les exigences réglementaires et continuant à porter les risques ?
  • Quelles conséquences en tirer, notamment faut - il opérer une rotation supplémentaire significative du portefeuille des actifs ?
  • In fine, quelle stratégie de croissance rentable définir ? Quelles allocations de ressources rares mener pour en optimiser le couple risque/return ? Quels modèles gagnants privilégier ?

Bien que classiques, ces questions sont renouvelées du fait du retour à des conditions économiques réelles. Finit le temps de la ressource à coût zéro et donc sans exigence de rentabilité lié au coût de ladite ressource. Plus que jamais les Directions Générales des institutions financières doivent mener des réflexions stratégiques et faire des choix d’investissements éclairés.

Le retour à l’exigence de ROE sommes toutes !

Olivier Dupin, Partner Ares & Co

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